Je ne sais pas si tu as souvent l'occasion de prendre le métro, mais à l'heure de pointe où Paris se déplace, le nez enfoncé dans son écharpe, les yeux rivés sur son téléphone, dans son journal ou simplement fermés , j'ai choisi le camp de lever la tête et d'observer ce monde.
J'aime ces matins où en regardant autour de moi, je me raconte des histoires.
J'aime à compter les personnes de couleurs assises, et les « blancs » debouts. Je repense à la chanson d'Obispo « Rosa », au discours d'ouverture de Chris Rock lors de la cérémonie des Oscars : "Je suis ici aux Oscars, connu aussi comme le festival des talents blancs. S’ils désignaient également les présentateurs, je ne serais pas là ce soir (...) Les Noirs ne protestaient pas à l'époque pour réclamer des changements dans le milieu du cinéma. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient de vrais sujets de protestation à l’époque". C'est juste impensable les horreurs commises pour une couleur de peau. Je ressens alors en regardant autour de moi une certaine satisfaction de penser que la situation a un peu évolué, même s'il reste du chemin à faire.
Pour rester dans la couleur, il y a cette jeune femme métisse et ses cheveux d'un noir corbeau, jean sombre troué aux genoux, piercing au nez, Sait-elle qu'elle ressemble à Rihanna ? Cultive-t-elle cette ressemblance, ou bien se réfugie-t-elle derrière son immense snood, noir également, à cause de sa timidité ?
Assise à côté de moi, une dame d'une soixantaine d'années environ, chapeau sur la tête, long manteau bariolé, elle porte des bottes en caoutchouc orange, elle me fait penser à Oda Mae Brown dans Ghost. Son mobile sonne, elle décroche « Hey ? Where are you ? Which station ? » Anglaise ? Américaine ? Elle se lève, son look est vraiment décalé, je l'imagine professeur.
Debout en face de moi , un homme blanc, la quarantaine, qui s'accroche à son caddy de journaux à distribuer. Il porte une casquette et une veste tachée de peinture. Il semble nerveux, n'arrête pas de bouger. Drôle de boulot ! Tout ça pour qu'au final ces journaux finissent dans la poubelle à couvercle bleue ou à accueillir les épluchures de pommes de terre comme le faisait ma grand-mère. Le voilà qu'il sort un cutter de sa poche ****?*** J'ai le cœur qui s'emballe légèrement. Satané trouille qu'on nous distille inconsciemment dans le sang...Il change tranquillement sa lame, Je sens un léger malaise autour de lui, une dame se lève et s'en va...je ne bouge pas...Lui regarde son entourage avec froideur, presque amusé de constater son effet...il range son cutter, boit un coup et descend…
Il y a aussi ces femmes qui se maquillent afin de gagner un précieux temps qui leur manque. Je les admire...t'as déjà essayé toi de mascarer tes yeux dans le métro ? Rien qu'à la maison, je trouve parfois le moyen de le mettre dans mes yeux .... Les hommes d'affaires eux parlent CAC40, marchés financiers, derniers budgets et réunions de calage…Les adolescentes (certaines parfois ravagées par l'acné…) sont elles plus branchées week-end, copains, dernier exam, Mario Bross, Mario Kart…
Je n'oublierai pas les addicts aux i-pad, i-phone, i-tablette, i-écouteur *presque aussi gros qu'un 33 tours*, les gratteurs de jeux, griffonneurs de mots croisés, lecteurs du 20 minutes. Les qui enfilent en vitesse leur café Starbuck, qui croquent un croissant par les 2 bouts, sentent déjà trop la cigarette ou ont du mal à tenir debout îvres d'alcool ! Les hipsters, les clochards, les accordéonistes, les lolipops & babydolls, les rebelles et les discrètes, les asiatiques masqués et les junkies, les toqués du gel Andy, les militaires aux sacs kakis, les mamies et leurs caddies...
Alors même si c'est un lieu pas spécialement affectionné, c'est une vrai poésie que le métro un vendredi !

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